10. La nécessaire création

 

 Pigeons 500 blog Sur les lieux d’une attaque chimique présumée mercredi 21 août près de Damas…   (Photo Stringer. Reuters) Document extrait de  « L’actualité du monde en images ». 26 août 2013. Libération.fr

 

Pascal Quignard écrit dans « Les désarçonnés » :

« … « Le bodhisattva répondait toujours à côté, dans le vide. »

Il faut savoir s’engager au coeur de la forêt, gagner la fontaine que la vieille langue, jadis, appelait tout simplement le « font ».

Il faut savoir répondre dans le vide. Ce sont les livres. Il faut savoir se perdre dans le vide. C’est la lumière dans laquelle on les lit. Il ne faut répondre aux autres qu’en créant. Il faut laisser tomber toutes les autres formes de répliques. Le général Carl von Clausewitz a écrit à Mayence : « Ne jamais se structurer comme l’adversaire.  » Ne jamais se soumettre à l’hostilité qui ne connaît plus de remède et au désarroi d’y appliquer son attention.

Créer c’est assaillir sur un fond sans rival, où la commmunauté n’existe pas.

Créer c’est le seul bon terrain qui soit au monde.

Car cette « terre » qui soudain surgit sous les yeux de celui qui la crée n’existe pas avant sa création.
Cet espace où le livre trouve à s’engendrer est introuvable dans le réel. Il est l’inimaginable au sein du symbolique. Il est vide. Cette occasion est inanticipable pour ceux qui envient le bonheur qu’ils n’ont pas, pour ceux qui ont soif du sang des autres, pour ceux qui s’efforcent sans trêve de dévorer les proies qui leur échappent sous les yeux. Car ils n’inventent pas leur espace dans l’espace et ils n’y retrouvent pas le sang qu’ils y aiment ».

Je n’ai rien trouvé qui condense à mes yeux avec autant de clarté les divers degrés de nécessité de l’acte créateur. Et je propose d’admettre le mot livre comme nom générique de tout « objet artistique ».

 Mon site : www.danielle-chevalier.fr   

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