Archive du mois : décembre 2013

17 – Danielle Coquoz photographe

  Danielle Coquoz a nommé son blog « Photocipède et Touche à tout ». On n’est donc pas surpris que son travail « parte dans tous les sens »,  manipule librement tous les genres, ne se prenne pas au sérieux et  privilégie l’humour.

Chaque  série évolue  au rythme de ses humeurs et de ses déplacements . Tantôt chronique  sociale, tantôt  billet d’humeur… ou d’humour, parfois envolée surréaliste, recherche plasticienne…  Le plus souvent journal de voyage. Encore que la qualité des images et la teneur des sujets abordés dépassent largement le genre.

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En 2009 une première série (« Signes sur route ») est présentée à Istanbul : des raccords sur sols goudronnés forment d’étranges pictogrammes,  dessinant l’alphabet des effets conjugués des changements atmosphériques et des équipes de travaux publics…
Il semble par ailleurs évident que la figure humaine a le plus souvent influencé la prise et le cadrage. On retrouve la même préoccupation dans deux séries plus récentes : « Paris Bitume » et « Il a neigé sur la lune ? »

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Fenêtres sur Prague

Ce que j’aime  avant tout dans les images de Danielle Coquoz , c’est la charge d’humanité.  Qu’elles soient figuratives ou jouant avec l’abstraction, et même vides de personnages : paysages de nuit, champ, fenêtre, village endormi sous la neige … , l’oeil glissera toujours mentalement vers un « hors-champ » où retrouver l’humain : une lumière allumée, un outil oublié, une ombre, un objet …, des traces d’une activité passée à reconstruire ou d’un futur à imaginer….

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Mais le plus souvent l’humain est bien là, source inépuisable de curiosité . Lui ou ses avatars, une tache, un reflet , un mannequin, une icône…  L’ oeil toujours critique, jamais méchant , va capter  les situations cocasses, les petits et gros travers, que 25 ans passés au CICR,  au coeur de l’horreur et des conflits armés, n’ont pas réussi à oblitérer.

Sans doute  cette expérience a-t-elle apporté la distance utile évitant larmoiement et sensationnel, mais aussi la détermination à présenter tous types de sujets sans hiérarchie dans le traitement.

SurleBateau2Blog: Les TRansat du FerRy (souvenir d’été)

 

Danielle Coquoz travaille à Paris. Son atelier se trouve  dans la jolie cour des Shadocks. Et je  peux affirmer qu’elle en perpétue joliment l’esprit. Pour la série ci-dessus, elle aurait pu prendre à son compte une de leurs citations célèbres :  » Dans la marine, il faut saluer tout ce qui bouge et peindre le reste ».

 

Renvoi vers mon site : www.danielle-chevalier.fr

16 – Pascal Mouisset – « Wild thing »

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La question du  paysage et de sa représentation aujourd’hui.
Pascal Mouisset ,  nourri comme tous les peintres de sa génération  de Land art, de Concept et d’Installations, apporte une réponse originale et complexe, riche d’ouvertures sur de nouveaux  champs formels.
Sa peinture  est une plongée dans les profondeurs de l’Histoire, quand la nature était menaçante, les hommes sauvages et gouvernés par la peur.  Mais ce n’est pas une peinture qui décrit ou représente.

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Déjà de 2006 à 2009 dans la série d’acryliques regroupée sous le titre « Décor, berges du Tarn », il y avait volonté allusive et retenue dans la transcription des formes- couleurs:

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le regard pouvait choisir de s’arrêter sur un point-accroche ou de vagabonder d’une image à l’autre car déjà, de l’une à l’autre, plusieurs temps, plusieurs focales, plusieurs angles de vue alternaient. On savait juste que l’on était dans l’herbe d’un pré ou au bord d’une rivière … mais avec l’oeil fixe de celui qui est parti dans ses rêves et n’accommode déjà plus vraiment.

Aujourd’hui les dispositifs sont beaucoup plus ambitieux. La vision n’est plus frontale. Ou plus seulement. On entre dans le paysage. Physiquement. Il nous enveloppe immédiatement et nous sollicite de toutes parts.
On est d’abord dérouté par la complexité de chaque création: des  tableaux … nombreux souvent ,  de tailles et formats différents, certains verticaux accrochés aux murs, ou en avancée sur structures en bois, d’autres posés au sol, ou surélevés sur des socles. Mais aussi parfois des éléments symboliques (  tas de terre, cendres, bûches de bois…) , des écritures,   des structures mobilières basiques, une bande son…

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On peut opter pour l’ Installation plasticienne, le décor de théâtre, le sas expérimental de décompression, ou même l’espace ludique pour future séance de  psychodrame…
car ces caissons sensoriels et mentaux fonctionnent à la façon des planches de tests de Personnalité: les formes imprécises, les clairs-obscurs, les passages du chaud au froid, de l’ombre à la lumière, la perte des repères traditionnels obligent chacun à projeter « sa » lecture.

Pascal Mouisset est  graphiste-illustrateur et plasticien.
Il vit et travaille en Midi-Pyrénées.

Renvoi vers mon site : www.danielle-chevalier.fr